Lucien Poignant fait partie de ces artistes au destin éphémère, qui sont nés pour nous offrir des œuvres exceptionnelles à contempler. Il naît à Chambéry le 24 janvier 1905. Très tôt, il découvre la peinture grâce à son frère aîné, le Docteur Roger Poignant, qui lui offre une boîte de couleurs ainsi qu'un chevalet de campagne. En 1924, celui-ci l'incite à exposer ses premiers tableaux en la ville de Saint-Etienne où il s'est établi en tant que chirurgien-dentiste. Ce fut un vif succès et la critique traita de « Maître » ce jeune artiste de dix-neuf ans. En 1927, au bord du lac du Bourget, à Bourdeau, il fait la connaissance d'un marchand anglais qui lui propose d'exposer parmi d'autres artistes français, en Australie, dans une grande galerie de Sydney. Toutes ses toiles trouvèrent acquéreurs. En 1931, lors de son voyage de noces en Corse, il rapporte de l'Ile de Beauté des œuvres remarquables. Sa personnalité s'affirme. Pour peindre, Lucien Poignant parcourt toute la Savoie, le Dauphiné, la Haute-Savoie et la Suisse où se cachent les plus beaux paysages de montagnes, de lacs ; sous la neige ou en pleine lumière. Il n'oublie pas de transcrire en peinture les villages avec leur église, ou la petite chapelle qui culmine dans les sommets. C'est à Pralognan-la-Vanoise en Tarentaise qu'il séjourne chez son oncle, guide de haute montagne renommé ; il parcourt aussi les vallées de la Maurienne et de Chamonix. Autour de Chambéry, ce sont les jolis villages savoyards, les lacs avoisinants qui prennent corps sur ses toiles, et surtout le lac du Bourget. Lucien Poignant expose ses tableaux dans différentes villes notamment : Annonnay, Bordeaux, Lille à la galerie de France (1934, 1935), Lyon (1929, 1930, 1931), Marseille, Nancy, Paris à la galerie Ecale (1938), Reims à la galerie Tayllerand, Rouen, Saint-Etienne à la galerie Mandon (1924, 1928, 1929, 1931) et à Strasbourg. Il est présent aussi à l'étranger : Sydney (1928, 1929), Bruxelles, Londres (1928, 1929, 1930) et en Suisse. Les ventes de ses œuvres prennent un essor phénoménal, et c'est ainsi qu'il acquiert une Bugatti grand sport dont il se séparera bien plus tard, avant de partir au Maroc dans un cabriolet Citroën de couleur gris, garni à l'intérieur de cuir vert. En 1936, il obtient une bourse des colonies pour partir se perfectionner dans ce pays. A l'arrivée, Lucien Poignant est accueilli par Lucien Fontanarosa et Yves Brayer. C'est la découverte de Rabat, Fès, Meknès et Marrakech d'où il rapporte de superbes peintures. En 1938, le fameux tableau intitulé « Le lac de Montriond » (lac situé en Haute-Savoie), le fait devenir sociétaire des Artistes Français. En 1939, à la mobilisation, le médecin militaire réforme Lucien Poignant pour une otite et lui dit : « Allez donc faire de beaux tableaux dans votre belle Savoie, vous servirez mieux la France ! ». Pendant la guerre, il s'installe à Mouxy dans une maison qu'il dénomme la « Chenozette » d'où il peint la vue de la Dent du Chat se reflétant dans le lac du Bourget. Dans le train l'emmenant à Lyon afin d'y être hospitalisé, Lucien Poignant, voyant les bords du lac du Bourget, prononce ces mots : « ô mon beau lac ... ». Il meurt à Lyon le 11 février 1941.